25 ans de lutte contre
le racisme et l’intolérance
– construire une Europe diversifiée

 


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Nous sommes en 1993. Partout en Europe, une nouvelle ère commence alors que les pays qui étaient autrefois derrière le rideau de fer s’attachent à reconstruire des systèmes fondés sur les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit.

Ce devrait être un moment de renouveau et d’optimisme, un moment de fête. Mais dans le même temps, des guerres, des conflits et des violences ethniques sont réapparus sur le continent européen. De vieilles inimitiés ont resurgi, de nouvelles expressions comme « nettoyage ethnique » sont inventées pour des crimes séculaires. Le racisme, l’intolérance et la haine déchirent à nouveau l’Europe.

L’année 1993 a été un rappel à la réalité pour les chefs d’État et de gouvernement du Conseil de l’Europe réunis à Vienne pour leur tout premier Sommet. Après tout, le Conseil a été créé pour que chacun, quelles que soient sa race, sa couleur, sa langue, sa religion, sa nationalité ou son origine nationale ou ethnique, puisse vivre en sécurité en sachant qu’il sera traité sur un pied d’égalité avec les autres et équitablement. Pourtant, au centre de l’Europe, une haine profondément enracinée divisait les peuples.

 

Catherine Lalumière, Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe à l’époque, explique le contexte de la décision du Sommet de Vienne de créer l’ECRI

 

La réponse était inédite – un organisme de surveillance qui a pris le nom de Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) était créé. Cette commission était chargée de s’attaquer au racisme à sa base, d’examiner de près ce qui se passait sur le terrain, dans chaque pays, et de collaborer avec les gouvernements et les organismes de ces pays pour édifier des sociétés qui non seulement disposent de systèmes solides et efficaces pour lutter contre le racisme sous toutes ses formes, mais qui créent aussi les conditions propices à la diversité et à l’appréciation de la différence.

 

Isil Gachet, Secrétaire exécutive fondatrice de l’ECRI, parle des défis des premiers jours.

 

Le membre français de l’ECRI, Régis de Gouttes, explique les différentes approches techniques adoptées par les Nations Unies et le Conseil de l’Europe dans la lutte contre le racisme et l’intolérance.

 

L’ECRI était différente. Rien de tel n’existait auparavant et même si d’autres instances internationales participaient à la lutte contre le racisme, aucune n’avait son envergure. Dès le début, son mandat a été vaste, le Sommet de Vienne l’ayant chargée de combattre « le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie, l’antisémitisme et l’intolérance ». Au fil du temps, elle a continué d’étendre sa mission initiale et traite aujourd’hui de nombreuses formes d’intolérance, qu’elles soient fondées sur la couleur de peau, la langue, la religion, la nationalité, l’origine nationale ou ethnique, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.

 

Christian Jura, membre roumain, parle de la manière dont l’ECRI travaille sur les questions relatives aux LGBTI et au racisme dans le sport.

 

Alors qu’apparaissent quotidiennement de nouvelles formes d’intolérance, il peut être déprimant d’essayer de mesurer les progrès accomplis : en effet, l’un des principes fondamentaux du Conseil de l’Europe, et l’une des raisons pour lesquelles il demeure non seulement pertinent mais essentiel, est que tant qu’il y aura des humains, les activités en faveur des droits de l’homme et de la démocratie devront se poursuivre. Il y a cependant lieu d’être optimiste. La méthode de travail de l’ECRI, en coopération avec les gouvernements, a conduit la grande majorité des États européens à adopter ou à renforcer la législation nationale contre la discrimination et les infractions motivées par la haine et à mettre en place des organismes nationaux de promotion de l’égalité. L’ECRI a contribué à ce que des affaires de discrimination soient portées devant la justice, principalement par l’intermédiaire de la Cour européenne des droits de l’homme, et est devenue une voix faisant autorité dans le monde entier dans la lutte contre le racisme et l’intolérance. La lecture de cette brochure, préparée à l’occasion du 25e anniversaire, permet d’en savoir plus sur le bilan de l’ECRI.

À l’approche de son 25e anniversaire, l’ECRI pourra, grâce à cette souplesse, s’adapter aux défis d’aujourd’hui : intégration des migrants dans les sociétés qui les accueillent, mise en commun des leçons de tolérance dans les écoles et les collèges, arrêt des discours de haine en ligne et assurance que les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, sont une force au service du bien.

 

Tena Simonovic Einwalter membre croate de l’ECRI, parle de la nécessité de mettre en place de solides réseaux et de s’adapter aux nouveaux défis tels que l’intelligence artificielle.

 

Els Keytsman de Belgique fait part de son expérience en racontant comment elle a surmonté la haine en ligne.

 

L’histoire du racisme et de l’intolérance est longue et malheureuse. L’esclavage, le colonialisme, l’héritage du totalitarisme, tous ont laissé leur marque sur la façon dont nous vivons et interagissons. En aidant les pays à regarder leur propre passé et les problèmes auxquels ils sont aujourd’hui confrontés, en les encourageant et en travaillant avec eux pour changer les lois et trouver de nouveaux moyens efficaces de venir en aide aux victimes et en restant toujours à l’affût des nouvelles menaces et défis, l’ECRI contribue à faire disparaître les anciennes façons de penser et à ouvrir la voie à un mouvement propice à un changement actif.

 

Michal Vasecka de Slovaquie parle de l’évolution des cœurs et des esprits et de l’héritage d’un passé communiste.

 

Le membre portugais de l’ECRI, Inês Ferreira Leite, parle de l’esclavage et du colonialisme, du racisme structurel et de la raison pour laquelle nous devons TOUS nous attacher à être tolérants.

 

Les débuts de l’ECRI ont été novateurs et cet esprit novateur demeure nécessaire. Pourtant, la nécessité d’un suivi et d’orientations de l’ECRI n’a jamais été aussi impérieuse, et ce parce que la lutte contre le racisme et l’intolérance est une lutte constante et parce que de nouveaux défis nous attendent. Il ne suffira pas d’adopter une loi ou de signer une convention internationale pour surmonter ces défis ; des changements d’approche et d’attitude sont nécessaires dans la même mesure. Regardant vers l’avenir et tirant les leçons du passé, l’ECRI est prête pour les 25 prochaines années.

 

 Plus d'information sur le site de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI)